Reconductions photographiques

Karnak 1870 – 1999

Temples de Karnak, piliers héraldiques, Antonio Beato, circa 1870 (© CNRS – CFEETK)

Temples de Karnak, 11 février 1999, 9h30 (d.h).

Temples de Karnak, premier pylône, Antonio Beato, circa 1870 (© CNRS – CFEETK)

Temples de Karnak, 27 avril 1999, 12h30 (d.h)

Temples de Karnak, premier pylône, Antonio Beato, circa 1870 (© CNRS – CFEETK)

Temples de Karnak, 27 avril 1999, 12h30 (d.h)

Temples de Karnak, septième pylône, Antonio Beato, circa 1870 (© CNRS – CFEETK)

Temples de Karnak, 9 février 1999, 9h30 (d.h)

Temples de Karnak, lac Sacré. Antonio Beato, circa 1870 (© CNRS – CFEETK)

Temples de Karnak, 1999, date précise de reconduction et heure manquantes.

Temples de Karnak, lac Sacré. Antonio Beato, circa 1870 (© CNRS – CFEETK)

Temples de Karnak, 11 février 1999, 8h30 (d.h)

Temples de Karnak, lac Sacré. Antonio Beato, circa 1870 (© CNRS – CFEETK)

Temples de Karnak, 11 février 1999, 8h30 (d.h)

Temples de Karnak, lac Sacré. Antonio Beato, circa 1870 (© CNRS – CFEETK)

Temples de Karnak, 11 février 1999, 9h30 (d.h)

 

Temples de Karnak, jardin Botanique de Toutmosis III. Antonio Beato, circa 1870 (© CNRS – CFEETK)

Temples de Karnak, 10 février 1999, 9h30 (d.h)

Temples de Karnak, temple de Ptah. Antonio Beato, circa 1870 (© CNRS – CFEETK)

Temples de Karnak, 9 février 1999, 10h45 (d.h)

Temples de Karnak, dromos de Mout. Antonio Beato, circa 1870 (© CNRS – CFEETK)

Temples de Karnak, 27 avril 1999, 9h (d.h)

Antonio Beato – Temples de Karnak
Reconductions photographiques

Karnak 1870 – 1999.

En 1870, Antonio Beato, photographe d’origine italienne, s’installe et crée un studio à Louxor en Haute-Egypte. Entre 1870 et 1900, il photographiera le site et la région des temples de Karnak de manière approfondie et régulière. L’étude de ce patrimoine photographique par le biais d’un travail de reconduction* sera réalisée en 1999, dans le cadre d’une collaboration avec la mission permanente du CNRS en Egypte (Centre franco-égyptien d’Etude des Temples de Karnak).

Sur place, disposant de studios, de laboratoires argentiques et numériques, le rôle principal du service photographique consiste à fournir des documents de travail aux équipes d’égyptologues, topographes, dessinateurs et architectes présents sur les fouilles. Les archives du centre rassemblaient en 1999 déjà 80 000 documents: vues aériennes du complexe architectural formé par les temples, micro fragments d’enduits peints, tessons de poteries, statuaire, couvrent ainsi la presque totalité des relevés de fouilles entrepris depuis plus de cent ans.

En marge de cet ensemble considérable se détache un corpus. En effet, non seulement les clichés d’Antonio Beato font partie des plus anciens documents conservés dans ces archives, mais leur contenu diffère. Alors que les séries « archéologiques » visent généralement à identifier de la manière la plus exhaustive des objets d’étude (comme les reproductions de toutes les faces d’un fragment de pierre, accompagné de l’échelle métrique), l’approche photographique d’Antonio Beato sur ces monuments semble plus soucieuse d’esthétique, ses images ne relevant pas uniquement de considérations scientifiques.
Les points de vue qu’avait choisis le photographe diffèrent aussi considérablement de ceux qui les ont supplantés dans la représentation « classique » et touristique des temples. Pourtant, des lectures à un niveau documentaire sont possibles et ces clichés renseignent encore aujourd’hui les égyptologues contemporains de l’état précis et de la chronologie de certaines zones fouillées au XIXe siècle. En effet, le terme « Temples de Karnak » correspond sur place à une aire de plusieurs hectares et à la superposition et imbrication des ruines d’une trentaine de monuments s’étant succédés pendant plus de mille ans au gré des dynasties pharaoniques, quand Thèbes fut la capitale de l’empire Egyptien.

Ici la finalité scientifique motivant l’opération a révélé l’intérêt historique et esthétique de la reconduction d’un fonds photographique ancien.

Quelques points de méthode :

Matériel.
Une chambre photographique*, proche du format de référence (format négatif 13×18 cm). Grâce aux décentrements qu’elle permet, et au contrôle des élévations et perspectives, les conditions de prise de vue et s’apparentent à celle des photographes précurseurs. Les films négatifs « souples » ont remplacé les lourdes et fragiles plaques de verre*…

Points de vue.
Le point de vue retrouvé, un cadrage précis peut alors être recherché en prenant en compte la distance focale (distance séparant le plan du film du foyer de l’objectif. Cette valeur détermine l’angle de champ, angle couvert par la prise de vue). Certaines images n’ont pourtant pu être réalisées exactement depuis le même emplacement (à Karnak le niveau du sol, suite aux campagnes de fouilles successives, est descendu par endroit de plusieurs mètres).

Lumière.
Etape ultime, parfois longue : recherche de l’axe du soleil, de l’heure correspondante, et aussi de la saison, déterminant la longueur des ombres portées. Ici, certaines vues d’hiver à Karnak n’ont pu être reconduites que plus tard dans le cycle saisonnier.

Quelles conclusions tirer des reconductions photographiques ?

Indépendamment des buts scientifiques que pouvait viser le « projet de Karnak », il constitua l’occasion de revisiter patiemment l’œuvre d’un pionnier de la photographie.

En marge d’un protocole en apparence neutre et objectif apparaissent les limites de la subjectivité, les comparaisons pouvant donner lieu à des interprétations très ouvertes. La pratique des reconductions est accompagnée d’un certain effacement, qui pour peu qu’on l’accepte, constitue la source d’un réel enseignement. Considérer et déchiffrer une œuvre photographique ancienne, tenter de comprendre de quelle manière et où elles à été réalisée, et revivre la succession des phases de la création d’une image. La recherche des points de vue initiaux, sur un site en évolution constante (transformations continues des sites archéologiques) relève d’une minutieuse exploration. L’opérateur reproduit non seulement une image préexistante, mais lorsqu’il respecte scrupuleusement le protocole, et le sens d’une reconduction en dépend, prolonge un regard à travers le temps.

– extrait de l’article (reconductions photographiques, catalogue « Restaurer la montagne », ed Somogy, 2005)